LEs mÉtamorphoses

Edi Dubien cultive une relation intime avec le monde vivant. Il dessine, peint, sculpte et moule des figures au statut changeant, métaphores liées à l’identité, au corps et à la violence d’un monde normalisant. Dans ses œuvres, humains, animaux et végétaux développent des relations d’échange, de symbiose et de métamorphose. L’humanité qui s’illustre dans ces images se fond dans la nature, elle ne la domine pas. Tout comme Edi Dubien qui trouve plus jeune un salutaire réconfort au cœur de la nature et de ses habitant·e·s face à la rudesse de la vie, un corps inadéquat, une identité à reconstruire. Sur le papier, sur la toile, dans la résine ou la céramique, l’enfant, l’ours, le renard, le chevreuil, l’oiseau, le lapin et l’arbre se regardent, se soutiennent, fusionnent : ensemble, ils se présentent dans toute leur fragilité face à un monde rationnalisé et matérialiste.

L’identité affirmée par Edi Dubien se reflète dans son œuvre où abondent les figures de garçons et de jeunes hommes, ceux que l’artiste n’a jamais cessé d’être en son for intérieur. Un parcours de vie semé d’embûches ne l’a pas empêché de s’accomplir, plus jeune, dans une pratique artistique dans laquelle il s’est très tôt exprimé. C’est seul qu’Edi Dubien apprend la sculpture, le dessin et la peinture. Artiste autodidacte, pendant longtemps il se débrouille pour montrer ses œuvres hors de tout circuit institutionnel. Et ce n’est qu’au cours de ces dernières années qu’il commence à trouver la reconnaissance de ses pairs et d’un public plus large.

L’exposition déploie un large ensemble des dessins, peintures et sculptures récent·e·s d’Edi Dubien, ainsi que de nouvelles œuvres réalisées spécialement pour la Maison des arts. Au cœur de l’exposition, la salle centrale s’apparente à un espace domestique par la présence de mobilier, d’un papier-peint dessiné par l’artiste et d’une sculpture représentant sa propre chienne, Garance. La présentation de son journal photographique – carnet de bord quotidien saisi au cœur de la nature du Loir-et-Cher où il vit et travaille et dans lequel il puise des motifs pour ses œuvres à venir – et la diffusion d’un entretien radiophonique récent permettent en outre d’approcher au plus près de son processus de travail et de ses sources d’inspiration. Ainsi imaginée comme un portrait d’artiste, l’exposition rend compte du compagnonnage entretenu par Edi Dubien avec le monde vivant, qui s’incarne dans la moindre de ses œuvres où se mêlent inquiétude et émerveillement.