LABOR FOU

THOMAS QUACK, NÉ EN 1982, MEMBRE DU COLLECTIF, DÜSSELDORF, ALLEMAGNE

LABOR FOU — Designers, architectes, scénographes et graphistes, le collectif a pour devise
« Être conséquent dans l’expérimentation ». Thomas Quack agit pour le collectif dans le cadre du projet Lo(s)t In Transition(s)!
Installations temporaires, interventions urbaines, interventions dans les espaces publics, graphisme et scénographie d’exposition constituent l’ensemble des travaux
de Labor Fou. Le collectif étend ses actions jusqu’aux limites de l’espace public, l’expérimente et le repense.

Quels idéaux et quels enjeux représente(nt) pour vous la(les) transition(s) ?

Nous vivons dans un monde de transition constante. Mais qu’entendons-nous exactement par transition(s)? Les gens ont dû s’adapter à leur époque et aux conditions politiques et environnementales. Ce n’est pas nouveau. Nous n’avons jamais exercé d’influence aussi décisive sur notre planète. D’une part, nous aspirons à un changement significatif vers la sensibilisation à l’environnement et à une nouvelle communauté, de l’autre, à nous aliéner par de nouvelles techniques et à créer des réalités virtuelles. Ce faisant, aucune nouvelle technologie ne nous mènera plus loin si nous ne comprenons pas que nous faisons partie de cet écosystème et que nos actions affectent toutes les autres formes de vie et tous les écosystèmes. Nous sommes également dépendants de ces systèmes. Mais il s’agit aussi des transitions individuelles, de ce qu’elles signifient pour tout le monde. Comment peuvent-elles être initiées et comment pouvons-nous créer de nouveaux récits qui nous indiquent une direction commune ?

En quoi l’actualité fait-elle évoluer votre projet artistique ?

Nous sommes en mesure de travailler sur une thématique très complexe de manière narrative et imaginaire. Comment penser plus loin les possibilités qui s’offrent à nous ? Ici, nous pouvons créer et expérimenter avec des situations locales, une approche artistique qui reflète les grands problèmes mondiaux de notre époque : le changement climatique, le capitalisme, les nouvelles alternatives, etc. Nous n’avons pas à tout prouver. Nous ne nous intéressons pas aux solutions mais aux perspectives, aux expériences et aux nouveaux récits possibles. Quelques mots sur votre expérience — effective ou rêvée — en tant qu’artiste en résidence. Être artiste en résidence signifie pour moi mettre à distance les distractions de la vie quotidienne. Dans notre propre environnement, nous devenons aveugles aux sujets vraiment importants. Un contexte totalement nouveau implique l’engagement de nouvelles personnes, de nouvelles situations, des modèles de vie et des circonstances différentes. Ces expériences décalent le quotidien et permettent de nouvelles perspectives. Néanmoins, vous apportez avec vous vos propres vues et outils artistiques. C’est une chance de s’impliquer dans un nouvel environnement et de mieux le comprendre grâce à cette approche artistique.

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ?

En œuvrant dans un contexte artistique, nous pouvons utiliser des installations, des situations créées artificiellement ou des moments performatifs pour sortir le public de ses habitudes et lui proposer d’autres dynamiques. Dans ce monde économique, les pratiques et les expériences artistiques permettent de nouvelles impulsions. Nous avons besoin d’écarts pour casser les structures rigides de la normalité. Les sites, temporairement investis d’installations ou d’interventions, invitent le public à se rassembler et/ ou à participer aux ateliers de construction. Cela crée des points de référence et une connexion créatrice d’identité renouvellée. Ces moments magiques dans lesquels une installation devient visible et montre ce qui est possible créent non seulement des espaces physiques, mais également imaginaires. Soyons conséquent dans l’expérience!