ORIGRAM 1.0
AVEC LE BRUIT DES LIBELLULES

RENÉ SULTRA & MARIA BARTHÉLÉMY

28 MARS — 18 JUIN 2009

Ils travaillent ensemble depuis 1990 et produisent des œuvres qui sont autant d’opérations de dilatation et d’étirements en tous sens de l’image photographique.

Au-delà des catégories artistiques, scientifiques, technologiques, René Sultra et Maria Barthélémy agglomèrent différents champs de pensée et de recherche (philosophie, physique, sociologie…) pour construire une communauté du langage numérique. Ainsi, ils proposent au sociologue Edgar Morin et au philosophe Bernard Stiegler de partager une plateforme d’échanges sur le devenir de nos sociétés contemporaines.

Cette dynamique de réflexion les amène à créer des images ludiques et colorées, qui s’animent et prennent de l’indépendance. Loin de la théorie de l’instant décisif, leurs images proposent plutôt des états probables, instables et transitoires.

Une de leurs dernières propositions est issue d’une réflexion du politologue Sébastien Thiery autour du pliage métaphorique de l’habitant anonyme des tentes Quechua, mises en actualité par le mouvement ‘Donquichotte’. Il faut 1, 2, 3 secondes pour voir fleurir ces habitats et quel effort de la pensée et du geste pour les réduire ensuite à leur moindre encombrement. L’art de l’origami est ici exploré via des logiciels d’architecture 3D.

Un autre projet fait se rencontrer le chercheur Nazim Fatès du laboratoire d’intelligence artificielle, LORIA de Nancy qui met au point des automates cellulaires, François Roussel, un des inventeurs du Logiciel Point Carré et une unité industrielle fabriquant des tissus. Ainsi, ils re-matérialisent, donnent à voir et à comprendre différemment certains algorithmes mathématiques. Un motif basique (un cube bleu) associé à d’autres à l’aide de règles simples (si je suis éteint, je prends l’état de mon voisin de gauche, si je suis allumé…) créent des phénomènes imprédictibles et au final une iconographie nouvelle.

Pour le centre d’art contemporain à Cajarc, ils installent ces objets polymorphes dans des dispositifs qui mixent les genres. Les outils de la modélisation électronique, de la recherche mathématique sont mis à contribution, non pas pour illustrer mais pour faire l’expérience de l’instabilité de l’image. Ainsi, ils associent le club du 3ème âge du village pour une commande de travaux de crochet mettant en œuvre les mêmes règles mathématiques que pour les tissus fabriqués industriellement. La production réalisée à la main est présentée dans l’exposition.

Au-delà de l’aspect ludique et pédagogique de cette adresse au public, le visiteur vient activer des environnements complexes où les questions du devenir de notre société numérique affleurent en permanence. En effet, dans l’articulation des réseaux qui organisent la circulation des informations, mais aussi des fluides, de l’économie, bref la totalité de nos sociétés contemporaines, un simple décalage, un moindre frémissement peut produire une mini – catastrophe, pour le pire ou le meilleur.

Sultra&Barthélémy mettent en perspective, avec humour et intelligence, l’introduction de ce grain de sable, de ce battement d’aile du papillon qui peut transformer le caillou dans la chaussure en une gigantesque faillite des représentations.

COMMISSARIAT MARTINE MICHARD

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VERNISSAGE
SAMEDI 11 AVRIL ­— 18H