MOHSSIN HARRAKI

Mohssin Harraki est né en 1981 à Assilah, Maroc. Il vit et travaille à Paris. 
Mohssin Harraki explore les mécanismes de la construction culturelle, de la constitution de la mémoire et de l’imaginaire collectif. Diplômé des écoles d’art de Tétouan, Toulon et Dijon, il participe à la Biennale de Dakar en mai 2018.

 

Que vous inspire le titre Measure the Valleys ?

Measure the valleys m’évoque Hadda Al Ghaîtia, chanteuse et poétesse engagée de la fin du 19ème siècle, née dans la Vallée de Oulad Zayd au Maroc. Méconnue aujourd’hui, elle avait pour surnom Kharboucha ou Krida ce qui signifie cheveux crépus.

Elle a pris position contre le régime. Dans l’extrait de l’un de ses chants, elle s’exprime ainsi :

« Un matin je vais au village dans la colline du château, il n’y a que le bruit du silence, mes pieds touchent bien par terre, mes yeux dominent la vallée, à un moment j’entends des cris, des chansonnettes des travailleuses qui viennent de la colline d’en face, ou plutôt de la Vallée de l’Atlas au Maroc. J’ai essayé de les déchiffrer… »

Un cri basique et communicatif devient un langage chanté et codé pour laisser passer des messages qui sont impossibles à dire autrement au quotidien. Une façon de dire : « je suis là ».

 

En quoi consiste votre proposition artistique ? 

Ma proposition Dessiner le chant de l’ombre tourne autour de la poésie de cette chanteuse populaire et des liens avec les chants d’ombres de cette époque.

 

Quelques mots sur votre expérience — effective ou rêvée — en tant qu’artiste en résidence.

En général la résidence me permet de m’adapter à un nouvel espace donné, loin de l’atelier habituel, avec des conditions de travail différentes. Utiliser d’autres matériaux, essayer de partager avec les autres artistes et avec les visiteurs, mettre en valeur les étapes de travail qui deviendront ensuite un parti pris.

 

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? 

Question vague… Rien et tout en même temps. Ma pratique est un mode de vie… Une histoire subjective qui est destinée à tous. Cette histoire subjective consiste à parler aux autres, donner des avis, observer l’environnement, analyser l’Histoire et en produire une autre. Montrer en conséquence qu’il n’y a pas qu’une seule Histoire, pas qu’un seul chemin vers l’avant.
Ma pratique me permet de faire un peu tout ça.