LUCIE LAFLORENTIE

Lucie Laflorentie est née en 1983 à Moissac.  Elle vit et travaille à Toulouse.
Les installations architecturées de Lucie Laflorentie conjuguent dépouillement bricolé et mise en abîme de la vidéo. Son regard sur le paysage et l’architecture s’inspire d’une enfance rurale. Elle est diplômée de l’École supérieure des Beaux-Arts de Toulouse. En 2014, la MAGCP l’invitait à une résidence à Thiès au Sénégal.

 

Que vous inspire le titre Measure the Valleys ?

Un temps d’analyse, d’expérimentation et d’appréhension du territoire et de son paysage. Ce titre sous-entend pour moi un mouvement circulaire, d’enregistrement, de sauvegarde, de restitution, pouvant se déplacer dans tous les plis de la vallée.

Il appelle le corps à s’impliquer physiquement et à entrer dans la matière au-delà de sa réalité tangible.

Measure the Valleys est aussi un titre de chanson de Miriam Makeba, je garde en tête une version filmée montrant une performance dansée sur scène; le corps de la danseuse devient un outil de mesure de l’espace scénique mais aussi d’un paysage mental. C’est exactement ce que m’inspire ce titre, l’existence d’outils qui, par la pensée ou l’action, rendent palpable le temps et l’espace de la vallée.

« Ce n’est pas seulement un segment du globe qu’on a sous les yeux, c’est aussi un segment de l’histoire. Le touriste y vient chercher un point de vue ; le penseur y trouve un livre immense où chaque rocher est une lettre, où chaque village est un accent et d’où sortent pêle-mêle comme une fumée deux mille ans de souvenirs. »
Victor Hugo, Lettre à Adèle, septembre 1839.

 

En quoi consiste votre proposition artistique ? 

La résidence n’étant qu’à son commencement, je suis plutôt au stade d’un protocole de travail que d’une proposition définitive.

Déployer un regard cinétique sur le territoire de la vallée .

Penser des dispositifs bricolés, isolés ou non de l’atelier.

C’est précisément sous l’angle du matériau pauvre, de l’intervention minimale et de la notion du « déjà-là » que je souhaite aborder la question de ces interventions.

 

Quelques mots sur votre expérience — effective ou rêvée — en tant qu’artiste en résidence.

C’est une très bonne expérience que celle du déplacement et du collectif . L’expérience collective est au centre des Maisons Daura, elle apporte l’échange permanent, du matin au soir, c’est un contexte très productif. Il permet aussi la rencontre, le partage mais aussi la confrontation de nouveaux regards. J’ai habituellement été seule lors de mes résidences. Je ressent une effervescence bienveillante et c’est très dynamisant. La présence des commissaires de manière quasi permanente est, il me semble, un atout de cette résidence. De vrais dialogues peuvent alors s’engager, hors de l’espace convenu et habituel de l’exposition. Le déplacement de l’atelier est aussi un point important de ce que peut offrir une résidence. J’ai beau prendre dans mon sac quelques cailloux, cartes postales et outils préférés, l’exercice de la mise en place d’un espace de recherche hors de l’atelier connu reste une étape en soi et un vrai temps de travail. J’ai dernièrement souvent changé d’atelier, jusqu’à le déplacer dans les expositions elles-mêmes. Je crois que j’en arrive à aimer ce que me procure ces « mises à jour » avec de nouvelles données spatiales, si bénéfiques au renouvellement.
Pour finir, et principalement, cette résidence me permet de découvrir et d’arpenter de nouveaux paysages / langages.

La rencontre de nouveaux territoires et de ses habitants est je pense la ressource majeure d’une résidence d’artiste !

 

Qu’est-ce que l’art vous permet d’accomplir ? 

Enlever le cailloux au fond de ma chaussure, le poser sur la table et le regarder comme une montagne.

Ne plus jamais le voir de la même manière.