LAURA MOLTON

LAURA MOLTON

En quoi consiste votre projet de résidence ?

L.M. : Dans le prolongement de mes recherches sur les frontières sonores, la résidence aux Maisons Daura sera l’occasion de me consacrer à un travail autour de la persistance sonore. Comment résonne un son ? Jusqu’où persistent son écho et sa résonance au sein d’un paysage, d’une cavité souterraine ou dans le creux d’un arbre ? Comment se sculpte et se modifie-t-il sous l’effet d’une acoustique naturelle ? Quelle est la durée de vie d’un son ? Peut-il traverser le temps ? Peut-il être considéré comme une trace possible, une archive mémorielle ? Y a-t-il des espèces qui gardent les sons en mémoire ? Les mousses, les rivières, les grottes en ont-elles la possibilité ?

Les spécificités géographiques de Saint-Cirq Lapopie situé entre le Gouffre de Padirac, la grotte de Pech Merle et les Phosphatières du Cloup d’Aural me permettront d’ausculter différents types de paysages subterrains et sous-terrains, des milieux géologiques qui occupent une place centrale dans mon travail. Le point de départ de la résidence sera la constitution d’un herbier sonore : bruits des sols, des eaux, des rivières, des vents, déplacements des insectes, mais aussi paroles et voix humaines d’habitants. Rediffuser ces sons en milieu extérieur et les extraire de leur lieu d’origine pour les déterritorialiser est un axe de recherche dans lequel je souhaite m’engager.

Quelques mots sur votre expérience — effective ou rêvée — en tant qu’artiste en résidence ?

L.M. : Je considère la résidence comme une zone de rencontre entre un territoire singulier et les émotions ou les problématiques qui me traversent au même moment. Je vois la résidence aux Maisons Daura comme la cristallisation de cette rencontre là, mais aussi comme la fabrication d’un espace-temps d’échange et de croisement des regards avec les autres résidents. Enfin, la résidence sera pour moi l’occasion de développer la recherche qui nourrira mes projets à venir et à partir de laquelle pourront pousser de nouvelles images.

Née en 1993 à Lyon, Laura Molton vit et travaille entre Toulouse et la Nor- mandie. Après avoir obtenu son DNSEP à l’Isdat de Toulouse en 2018, elle participe en 2021 à une résidence d’écriture documentaire à Lussas Ardèche Images. En 2019, elle est lauréate du prix Jeune création du centre d’art contemporain le Pavillon Blanc à Colomiers. Elle participe en 2017 et 2018 à un programme de recherche artistique – Stacion summer school – sur le temps et l’histoire, à Pristina au Kosovo.
Son travail à été montré à la Maison Salvan à Labège, à l’atelier W Pantin, à la Chapelle Saint- Jacques centre d’art contemporain à Saint-Gaudens ou encore à l’Adresse du Printemps de Septembre à Toulouse. En octobre 2019, elle est co-commissaire du Let us reflect film festival à la Chapelle Saint-Jacques centre d’art contemporain. La même année, elle est fouilleuse bénévole sur un chantier de fouilles archéologiques du Cotentin.
Sa pratique filmique et sonore mêlant fiction et documentaire interroge les sous-sols comme espaces de mémoire et d’oubli.


Résidence de Printemps / avril – juillet 2021