LAURA RIVES

Laura Rives (France, 1991) place le matériau photographique au centre de sa recherche. Elle photographie ce qui l’entoure, puise dans son environnement tous types de matériaux et de motifs pour créer des images. Elle construit une approche de la photographie qui insiste sur le processus, la manipulation et le support, en réaction à l’immatérialité des flux d’images digitales. 

 

En quoi consiste votre (vos) projet(s) de résidence ?

Laura Rives : Mon projet s’inscrit pleinement dans la continuité de ma démarche artistique autour du médium photographique : besoin de manipuler, de ressentir les matières physico-chimiques des choses et de me réapproprier le monde en effaçant ses contours. Ma volonté sera d’affirmer la matière photographique en tant que réel, en montrant son côté fragile et friable de corps, en affichant sa part de vulnérabilité et celle de notre existence en tant que matière réelle. Je parcours la vallée du Lot pour créer une série de photographies inspirées de cet environnement. Les images sont des expérimentations de substances, de couleurs, des sédiments de matières. Ensuite, j’utilise l’espace de l’atelier comme un laboratoire pour manipuler et expérimenter, opérer des gestes par altération, abrasion, soustraction ou ablation. Je procède par tâtonnement. Attaqués par les procédés d’effacement, les tirages sont rongés dans leur chair, oxydés. Débordée par une matière mouvante, la photographie coule en une forme en devenir, une matière organique qui se liquéfie. Des motifs apparaissent par glissement, le référent est éclipsé et disparaît. Seuls des fragments de flux colorés et flous seront conservés. Disparue dans l’épaisseur, la matière photographique commence à se diluer, s’enfuit et s’efface. Elle n’offre plus rien de très lisible, qu’une vibration incessante et persistante qui floute ses formes pour en faire naître de nouvelles, inconnues. La photographie est ainsi soumise aux hasards d’agissements et de réactions. Elle s’affirme davantage par une présence que par une représentation.

 

Quelques mots sur votre expérience — effective ou rêvée — en tant qu’artiste en résidence.

L R : Cette résidence unique qui s’attache à mettre en œuvre un « faire ensemble » par une expérience de vie communautaire, est d’une grande générosité pour l’évolution ma pratique, elle contribue à créer de beaux projets rempli d’énergies. Ma façon de travailler et mes réflexions sont influencées par les échanges bienveillants avec les autres artistes résidents, l’équipe de la MAGCP et son public, et pousse plus loin ma vision sur mes problématiques de recherches. Elle est un temps privilégié d’expérimentations, d’immersion et de rencontres nouvelles.

 

 

Laura Rives est diplômée d’un DNSEP Art en 2014, à l’isdaT de Toulouse.
Cette résidence fait partie du dispositif Post-Production, qui permet à de jeunes artistes sortis des écoles des beaux-arts de la région Occitanie depuis moins de trois ans de bénéficier d’une résidence d’artiste. Ce dispositif est porté par les écoles supérieures d’art de la région Occitanie : l’Esban de Nîmes, l’Esba-MoCo de Montpellier, l’isdaT de Toulouse et l’Ésa des Pyrénées — Pau Tarbes. 
En partenariat avec la MAGCP et le soutien du ministère de la Culture et de la Communication.
L’automne aux Maisons Daura — septembre – novembre 2018