GUILLAUME BOUDRIAS-PLOUFFE

Guillaume Boudrias-Plouffe est accueilli en résidence aux Maisons Daura à l’automne 2016, dans le cadre d’un échange avec le 3ème impérial, centre d’essai en art actuel à Granby, Québec. Parallèlement David Coste, artiste résidant à Toulouse, y développe le projet Disjonctions, architectures-démontrables, installation in-situ sur le terrain de l’église Saint-Georges, à Granby du 17 août au 31 octobre 2016. Ce projet s’inscrit dans le programme Soutien à la mobilité de la région Occitanie / Méditérranée-Pyrénées.

Il aime amalgamer le fictif au réel, le fantastique au banal, le ludique au dramatique, le traditionnel au contemporain. Guillaume Boudrias-Plouffe souhaite ainsi créer des ponts entre la culture vernaculaire et un imaginaire lié à l’enfance. Sur le mode de la conversation, il cherche des récits de vie et des traces mémorielles auprès de la population. Grâce aux captations sonores ou vidéo, il « ravaude » les mémoires locales pour créer des œuvres plurisensorielles à échelle humaine. Passeur de tradition orale, il raconte ses précieuses rencontres, lors de rendez-vous performés, souhaitant engendrer ainsi des échanges qui transforment lentement les générations et permettent de rejouer la mémoire d’un patrimoine populaire collectif.

Guillaume Boudrias-Plouffe (Québec, 1984) enjoys to merge fantasy to the banal, fun to the dramatic, traditional to the contemporary. He wants to build  bridges between vernacular culture and imagination linked with childhood.  Through informal conversations, he collects life stories and memory traces from population, by video and audio recordings. With the aim of « re-discovering » these forgotten memories he builds multisensory and humanist artworks.

 

Guillaume Boudrias-Plouffe, à propos de sa résidence

Vernacularium en vendémiaire

Il va sans dire que cette résidence fut une expérience professionnelle et familiale fort enrichissante. J’ai particulièrement apprécié toutes les rencontres que j’ai pu y faire, entre autres celles de l’équipe de la Maison des Arts et aussi des artistes en résidence au même moment. Je suis parti en France avec l’idée de travailler avec des techniques vernaculaires spécifiques de Saint-Cirq Lapopie et de la région du Lot, soit le tour à bois et les fabrications en pierres sèches.
J’avais aussi envie de m’inspirer du calendrier républicain (vendémiaire) pour rechercher ses sujets quotidiens afin d’en faire un calendrier visuel avec des légumes, fruits, outils, animaux saisonniers. Cette démarche m’a également sensibilisé à toute l’abondance de la nature qui nous environnait avec ses figues et ses prunes juteuses, ses noisettes, châtaignes et noix délicieuses, ses mousses luxuriantes, ses myriades de martinets virevoltant tout autour de l’église, ses escargots et crapauds mystérieux, sans oublier l’odeur de lavande imprégnant le jardin.
Le bourg, la vallée du lot, les gens sont alors devenus mon espace d’atelier. J’en ai presque oublié celui en dessous de notre « chez-nous » temporaire. C’était une vraie expérience de voyageur avec tous ses périples, aventures et mésaventures, découvertes, craintes et ses délices pour tous les sens.
(…)
J’ai énormément aimé nos visites à l’école de Tour-de-Faure. (…) J’ai fait un atelier de création où ils ont « gravé » sur des pierres du village de Saint-Cirq Lapopie à l’aide de crayon de peinture, des dessins ou des onomatopées lié au feu ou à l’eau (mon nom de famille étant Plouffe). J’ai ensuite dissimulé leur œuvre dans le village à la vue des passants.
J’étais heureux de rencontrer les membres d’une association de pierres sèches. J’ai appris les rudiments de la sélection des pierres et de la construction des murets et je me suis familiarisé avec les outils : la chèvre (gabarit trapézoïdal), le têtu (marteau) et les cordeaux (guide) qui m’ont donné de nombreuses idées de sculptures… « Les pierres nous parlent ! » Vincent évoquait les sons qu’elles émettent en se frappant les unes contre les autres, pour distinguer celles qui sont bien solides de celles qui sont gélives. Mais en discutant de cette formule avec d’autres membres, j’y ai découvert un sens plus magique, comme si les pierres avaient certains pouvoirs ou vertus.
Avec M. Vinel, le dernier tourneur sur bois de Saint-Cirq Lapopie, (…) j’ai pu comprendre l’importance du buis dans la région et de son utilisation traditionnelle dans la fabrication des robinets pour les barriques.
De nombreuses autres rencontres ont été remarquables. Je suis donc reparti la tête et le cœur débordants de souvenirs, mais aussi avec une multitude de matériaux pour créer des œuvres à mon retour (…) Tous ces éléments serviront à un supra diaporama lors d’une rencontre performative au printemps 2017.
Ce fut une expérience spectaculaire que la famille n’est pas prête d’oublier !