COLIN G.

Colin G. (France, 1977) amorce une réflexion sur l’ambiguïté entre la vision idyllique du touriste et celles des habitants du village. De formation scientifique, il emprunte les modalités d’une enquête topographique et sociologique pour servir son propos. Il envisage une dispersion discrète d’indices artistiques en complicité avec des habitants, pour créer une tension particulière entre le regard intrusif et l’espace privatif.

 

En quoi consiste votre (vos) projet(s) de résidence ?

Colin G. : Je m’intéresse au rapport ambigu qui se noue entre les visiteurs du village de Saint-Cirq Lapopie et ses habitants. J’ai eu a priori le ressenti d’un décalage entre ces deux populations, l’une mobile, temporaire, avide de nourrir un certain fantasme villageois, et l’autre fixée au site parfois depuis plusieurs générations, plus discrète et incomparablement moins nombreuse, essayant peut-être de préserver son intimité dans des intérieurs abrités des regards. Ainsi, je souhaite au travers d’une sorte d’investigation systématique étudier la dynamique des flux touristiques dans l’espace et dans le temps, et expérimenter des représentations de celle-ci. Indirectement il s’agit aussi de rejouer, et donc d’interroger la démarche scientifique. J’ambitionne également de créer des installations furtives et dispersées qui jalonneraient le village ; ces signaux discrets rappeleraient la présence des Saint-Cirquois en faisant un lien entre des espaces privés et les espaces publics de circulation. Les formes que prendront mes travaux et les médiums que j’utiliserai se détermineront chemin faisant, en fonction de ce qui me paraît pertinent.

 

Quelques mots sur votre expérience — effective ou rêvée — en tant qu’artiste en résidence.

C G. : Être en résidence c’est l’opportunité de travailler dans un lieu, sur un projet et pour une période donnée, en se dégageant des contraintes habituelles ; se distancier de son domicile et réserver plusieurs semaines de son temps permet de se consacrer de manière qualitative et quantitative à un processus de création. Les ruptures dans les rythmes, l’immersion dans un nouvel environnement et la multiplicité des rencontres sont — comme j’ai pu en faire l’expérience lors d’autres résidences — génératrices de nouvelles façons d’observer, d’interpréter, de pratiquer, c’est-à-dire émulatrices de créativité. Concernant mon projet initial, mes déambulations sur le terrain et les informations collectées ont invalidé certaines des hypothèses que j’avais pu former, et ainsi permis de faire évoluer mon projet. Au-delà de ces remises en questions pour ainsi dire prévisibles, c’est aussi mon statut et ma façon d’être plasticien que cette résidence interroge…

 

Colin G. est diplômé du DNSEP en 2014, à l’Esban de Nîmes.
Cette résidence fait partie du dispositif Post-Production, qui permet à de jeunes artistes sortis des écoles des beaux-arts de la région Occitanie depuis moins de trois ans de bénéficier d’une résidence d’artiste. Ce dispositif est porté par les écoles supérieures d’art de la région Occitanie : l’Esban de Nîmes, l’Esba-MoCo de Montpellier, l’isdaT de Toulouse et l’Ésa des Pyrénées — Pau Tarbes. En partenariat avec la MAGCP et le soutien du ministère de la Culture et de la Communication.
L’automne aux Maisons Daura — septembre – novembre 2018